VOLTAIRE. Lettre autographe signée de son initiale [à madame Denis]. Séles


VOLTAIRE. Lettre autographe signée de son initiale [à madame Denis]. Sélestat 11 juillet (« en passant ») et Strasbourg 12 juillet 1758. 3 pp. 1/4 in-4 trace d'onglet en marge de la dernière page. BELLE LETTRE DE VOYAGE ECRITE ALORS QU'IL CHERCHAIT DES PROTECTIONS après qu'il eut été interdit de séjour en France et que l'article « Genève?» de l'Encyclopédie écrit par d'Alembert mais inspiré par lui eut indisposé les autorités de Genève où il habitait. Parti le 30 juin 1758 des Délices sa résidence genevoise il se rendit au Palatinat en pleine guerre de Sept Ans où il allait achever l?écriture de Candide et en faire les premières lectures publiques. « Après avoir revu tous nos amis de Colmar... après avoir eu une indigestion de chevreuil chez le premier président après avoir guéri mon postillon avec du quinquina et ma jument avec du vin toujours voiageant en tortue me servant tantôt de la poste tantôt de mes chevaux j'ay le plaisir de vous écire dès que je suis seul... J'arrive à Strasbourg. Il était heure de dîner j'ay débarqué chez monsieur l'intendant. La première nouvelle qu'il m'a ditte c'est que L'ELECTEUR PALATIN VIENT DE PERDRE DUSSELDORP LA CAPITALE DE SON PAYS DE JULIERS les Hanovriens l'ont prise. LE VOYLA BIEN PAYE D'AVOIR PRIS NOTRE PARTI. LA DEROUTE LA CONSTERNATION LE DECOURAGEMENT SONT INEXPRIMABLES ON N'A JAMAIS ESSUIE TANT DE HONTE mais Mr Berrier est ministre d'État tout ira bien [perfidie à l'encontre du ministre de Louis XV Nicolas-René Berryer]. Apparemment que l'impératrice [d'Autriche alliée de la France] a des généraux et des ministres. La man?uvre du comte de Daun [Leopold Joseph von Daun] est admirée. Il a pris comme vous le savez touttes les munitions du roy de Prusse et sa caisse militaire [à la bataille de Domstadtl le 30 juin 1758]. Il a battu un corps de onze mille hommes deux bataillons de grenadiers prussiens ont mis bas les armes le reste a été tué dispersé ou pris. Lui [FREDERIC II DE PRUSSE] a bien vite levé le siège d'Ormuz [la forteresse autrichienne d'Olmütz actuellement Olomouc en République tchèque]. Il fut en Silésie il SERA PROBABLEMENT AVANT TROIS SEMAINES ENTRE LES RUSSES QU'IL AURA EN TETE ET LES AUTRICHIENS QU'IL AURA EN QUEUE. IL PEUT DANS TROIS MOIS ETRE AU BANC DE L'EMPIRE. C'EST AINSI QUE LA FORTUNE EST FAITTE... Je me trouve très mal partout loin de vous... Embrassez pour moy tout ce qui est chez vous et aimez un peu un homme qui ne respire que pour vous aimer de tout son c?ur et dont vous êtes la consolation. Vous me parlez de mon passeport je l'ay et je ne m'en sers pas. Touttes les portes me sont ouvertes et je vous assure qu'on ne s'informe nulle part si on est bien ou mal en Cour. Il paraît qu'on pense partout de même qu'on lève partout les épaules. Moy je lève les mains au ciel pour vous revoir bientôt... » Voltaire évoque également son peu d'espoir de pouvoir acheter au comte de Fontenoy comme il le souhaitait les château et domaine lorrains de Champigneulles parle de la beauté des palais où il loge à Strasbourg etc. DERNIERE COMPAGNE DE VOLTAIRE MADAME DENIS (1712-1790) était sa nièce femme charmante et pleine d'allant. Le philosophe avait d'abord aidé à son établissement en favorisant son mariage avec un officier et commissaire-ordonnateur des guerres Charles-Nicolas Denis puis quand elle devint veuve en 1744 il l'aida financièrement et forma finalement un couple avec elle. Hormis une brouille temporaire elle partagea sa vie pendant près de trente ans et fut sa seule héritière.


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